10 mars 2006

41. NOS MEMES SEVISSENT AILLEURS , NOUS DIT-ON.

W.R. – Que pouvons-nous dire après un aussi super beau titre ?
M.H. – Qu’as-tu fait aujourd’hui ?
W.R. – Rien...je veux dire pas grand-chose. Je me sens un peu lasse, mais ce n’est pas de la dépression, c’est juste de la philosophie.
M.H. - Nous avons tout de même le droit d’être casanières !
W.R. – Je ne sais qui a dit « à l’homme rien n’est impossible, ce qu’il ne peut pas faire, il le laisse ». 
M.H. –.Tu sais très bien qui a dit ça. Pourquoi dis-tu que tu l’ignores ?
W.R. – La vérité voudrait que je le dise, mais ma liberté m’autorise à le taire.
M.H. – Et hier, as-tu bien travaillé ? Qu’as-tu fait exactement ?
W.R. – J’ai écrit deux mots...
M.H. – Deux mots ! et tu me dis avoir bien travaillé !
W.R. – Enfin, peut-être trois...ou quatre
M.H.- C’est bien ce que je dis. Ce ne sont pas des mots qu’il fallait écrire, mais bien des lettres et, peut-être même, seulement des fragments de lettres. Laissons cela, car Il est un point nouveau qui me laisse perplexe. On m’a parlé, hier, d’une chose étrange. En deux mots, il semble dans les faits que nous soyons là et, en même temps, ailleurs. Je m’explique : dans un cadre identique au nôtre, deux filles portant nos noms dialoguent exactement comme nous le faisons. Or, comme il ne s’agit pas de nous, nous devons considérer qu’il s’agit de quelqu’un d’autre.
W.R. – Tout cela m’étonne considérablement. Mais quel est l’objet, ou le sens, s’il y en a un, de leurs conversations ? 
M.H. – Absolument le même que le nôtre. Elles parlent de ce que nous savons en l’inscrivant, comme nous, dans le cadre de ce qui est. Encore une fois tout cela m’a été dit, je ne l’ai pas vérifié.
W.R. – J’ai du mal à le croire. Pour l’instant, comme il est d’usage chez nous et en l’attente d’informations objectives, je propose que nous suspendions notre jugement. 
M.H. – Tu veux dire : que nous fassions l’epokhê !
W.R. – Exactement, comme la dernière fois. Sans epokhê, c’est epopoiia, et ça, en la circonstance, ce n’est pas culturel
M.H.- Il semble que ces présumées suiveuses se soient manifestées chez Les enfants de la Créatique. Demain nous procèderons à la vérification. Mais imagine un instant que ce que nous faisons, elles le fassent mieux que nous..., qu’elles nous dépassent, quoi !... Tu crois vraiment que ce soit possible ?
W.R. – Et toi, tu crois vraiment que ce n’est pas nous qui sommes en train de nous dépasser. Ce n’est qu’une hypothèse.




















« Les lettristes sont irrécupérables jusqu’à la société de l’éternité concrète, paradisiaque », extrait de l’œuvre présentée en 1993 à la Biennale de Venise.