05 février 2006

25. FAISONS COMME SI L’ARTISTE OCCUPAIT TOUJOURS CETTE CHAMBRE

W.R. – C’est lors de mon dernier passage à Turin que j’ai découvert cet Hôtel dont les chambres ont été conçues par des artistes différents. Cette fois-là, le hasard m’a fait choisir la chambre 28, celle dont j’ai découvert qu’elle avait été décorée par RS, c’était en 1991, il me semble...Elle s’appelle « La Présence ».
M.H. – Voici la 28. Rien n’a changé ! Toujours la même impression étrange, à la fois, troublante et rassurante. Tu vois, elle semble occupée. Près de la fenêtre, cette valise à l’intérieur de laquelle se trouvent différents objets !
W.R. – Ils appartiennent certainement à l’artiste. Je reconnais un de ses tableaux, quelques-uns de ses livres, son passeport... Oui, tout cela est à lui ! Ici des vêtements, et là, un dossier sur une œuvre nouvelle à laquelle il semble encore travailler.
M.H. – Regarde, sur la table de nuit est déposé, à côté de sa montre, de son agenda et d’un stylo, le livre qu’il est en train de lire !
W.R. – Peut-être est-il vraiment là ?
M.H. – Je ne sais pas ! Mais il est vrai que tout a été mis en œuvre pour nous en persuader. Dans la salle de bains, je vois son tee-shirt, et son imperméable se trouve encore dans la penderie !
W.R.- Ne touchons à rien ! Faisons comme si l’artiste occupait toujours cette chambre, même si nous savons qu’il ne l’occupe que dans le cadre d’une œuvre d’esthétique imaginaire dont nous sommes les spectatrices privilégiées...
M.H. – Autrement dit, il n’est dans cette chambre que dans la mesure où nous pensons qu’il s’y trouve. Nous devons imaginer sa présence !
W.R. – Oui, imaginons que l’artiste est bien présent dans cette pièce et concevons mentalement qu’il procède, sous nos yeux, à ses activités d’avant-garde dans les différents secteurs de la culture et de la vie
M.H. - Demain, avant de regagner les bords de la Seine, nous essaierons de retrouver le International Center of Aesthetic Research que Michel Tapié avait créé il y a bien longtemps. 
W.R. – C’est aussi pour cela que nous sommes ici !... Mais, dis-moi encore, es-tu bien certaine qu’il ne nous voit pas ?