23 janvier 2006

17. ETOILES COMME MARCEL DUCHAMP

W.R. – Je voudrais te lire quelque chose…, il s’agit d’un extrait d’« Une saison en enfer ».
M.H. – ...
W.R. – Je commence : « Je n’ai point fait le mal. Mes jours vont m’être légers, le repentir me sera épargné. Je n’aurai pas eu les tourments de l’âme presque morte au bien, où remonte la lumière sévère comme les cierges funéraires. Le sort du fils de famille, cercueil prématuré couvert de limpides larmes. Sans doute la débauche est bête, le vice est bête ; il faut jeter la pourriture à l’écart. Mais l’horloge ne sera pas arrivée à ne plus sonner que l’heure de la pure douleur ! Vais-je être enlevé comme un enfant, pour jouer au paradis dans l’oubli de tout malheur ! »
Alors, qu’en penses-tu ?
M.H. – Quoi ?...Je ne sais pas ! Que veux-tu dire ?
W.R. – Tu n’as donc pas compris...
M.H. – Ce n’est pas cela ! Mais, vois-tu, au cours de ta lecture, chaque fois que tu prononçais l’article « le », je voyais mentalement briller une étoile.
W.R. – Une étoile ! Mais à aucun moment je n’ai fait allusion au cosmos.
M.H. – Ce n’est pas de cela dont il s’agit...En fait, je ne sais pas ce qui s’est produit, mais... tout en t’écoutant, irrésistiblement, j’ai été conduite à réaliser un équivalent infinitésimal du ready-made, « The », que Marcel Duchamp a proposé en 1915. Cette œuvre qui provient de la collection Louise et Walter Arensberg est actuellement visible au Philadelphie Museum of Art.
W.R. – Ton œuvre imaginaire est magnifique ! C’est très bien pour l’art infinitésimal, mais c’est tout de même dommage pour Rimbaud.