15 janvier 2006

11. UN SUPER-DEPLACEMENT

M.H. – Mais pourquoi déplaces-tu constamment ma chaise de Gerrit Thomas Rietveld ? Cela m’agace considérablement !
W.R. – Parce que cette chaise, si elle permet l’asseoir, elle est aussi sémiologique en tant qu’elle est le signe de l’anéantissement de la station debout.
M.H. – Ah bon !
W.R. – Je comprends ta perplexité, mais, comme le disait si bien Ferdinand de Saussure, dès que l’on déplace un signe de son contexte habituel, son sens s’en trouve démultiplié.
M.H. – En effet, moi-même, je me sens, souvent, démultipliée. Tu as raison ! Alors je crois que nous devrions tout déplacer autour de nous.
W.R. – Tu veux dire, tout déplacer dans cette pièce ?
M.H. – Bien sûr ! Dans cette pièce et au-delà, dans la maison, dans la rue, dans la ville, dans le pays, dans le monde, dans le cosmos…
W.R. – Et même dans l’outre-cosmos ?
M.H. – Evidemment, c’est à cette condition que notre super-déplacement sera véritablement généralisé.
W.R. – Il faut qu’il le soit, nous le méritons bien.





















Chair. 1923 (Reconstitution 1976, Paris)