20 janvier 2006

14. LA MAISON REVEE

M.H. – Je viens d’acquérir une nouvelle maison, celle dont je rêvais depuis bien longtemps. Je vais te la montrer, elle est dans ce paquet !
W.R. – Superbe ! c’est assurément un des chefs-d’œuvre de l’architecture moderne, de celle qui conduit les constructeurs progressistes à oser aborder l’exploration dense, hermétique et anéantissante de cet art.
M.H. – Cela ne te gêne-t-il pas si je dispose ma nouvelle maison à l’intérieur de notre maison ?
W.R. – Pas le moins du monde ! Je propose que tu la déposes ici, dans le salon, près du fauteuil de Rielveld. Mais, si quelqu’un vient nous rendre visite, il ne faudra pas lui dire que c’est un maison…
M.H. – Bien sûr ! Nous lui dirons qu’il s’agit d’une simple sculpture, quelque chose comme ça, sinon il va nous prendre pour des folles.
W.R. – Mais, tu penses vraiment que les gens ignorent encore que les habitations modernes sont inhabitables ?
M.H. – Ils en sont bien loin ! Encore aujourd’hui, ils sont nombreux à ne pas avoir compris que la poésie moderne est a-épopéïque, que la peinture n’est plus figurative ou que le cinéma est dicrépant et ciselé… 
W.R. – Alors, tu penses ! S’agissant d’une maison dans laquelle il est impossible de rentrer et que l‘on peut emporter sous son bras…(rires), je vois très bien ce qu’ils peuvent en dire !




























Roland Sabatier. « Ensemble d’architectures surprise » 1996 (Exposition « De la construction en son absence », Galerie de Paris, 1987)