03 avril 2006

47. UN INSTANT DE GRANDE NOSTALGIE

M.H. – Te souviens-tu de la mission dont nous étions chargées, il y a plusieurs années, par le CUNN, le Comité Universel de la Nécessité Créatrice ?
W.R. – Oui, nous avions dû nous rendre à l’improviste dans quelques-uns des lieux artistiques, philosophiques, théologiques, scientifiques et technologiques des grandes capitales de la Terre pour procéder à la vérification de la mise en conformité des manifestations de ces lieux avec les exigences de la kladologie et de la créativité
M.H. – A cette occasion, nous avions placé des dispositifs de klado-vigilance aux endroits les plus stratégiques
W.R. – Et même, en d’autres endroits qui n’étaient connus que de nous, des systèmes de contre-mesures polyagnoïaques. Sans doute y sont-elles encore ?
M.H. – C’est à-peu-près à cette date que nous avions organisé la lecture publique, par des lecteurs qui se relayaient toutes les demi-heures, des mille cinq cents pages de la Créatique d’Isidore Isou. Ce spectacle super-intelligent s’était déroulé tous les soirs, durant deux années complètes, au Théâtre Gabriel Pomerand, il me semble.
W.R. – C’était l’époque où le clivage droite gauche se dissipait et où se profilait l’idée d’une dépolitisation de la politique. Grâce à la réduction du nombre et de la durée des mandats, les élus, conseillés par l’ensemble des créateurs dans les branches du savoir et débarrassés de la préoccupation de leur réélection, ne s’occupaient plus que de la gestion des affaires du pays.
M.H. – Le protégisme juventiste est le grand axe de cette gestion qui exigeait la transformation de l’enseignement scolaire, le crédit de lancement pour les jeunes et une planification intégrale prenant en compte les besoins de toutes les couches de la population
W.R. – Avec la découverte de l’externité l’économie devenait une science véritablement exacte. Cela s’est-il réalisé ?
M.H. - Pour-soi, non. Mais en-soi, c’est toujours juste !