22 mai 2006

49. HYLAS ET PHILONOUS DISSOUS DANS LE COMPLETISME.

W.R. - La dernière fois je t’ai parlé des touristes que j’ai accompagnés de Platon jusqu’à Bénabar. Eh bien, je viens d’apprendre par les autorités qu’ils n’ont finalement pas pu effectuer le retour et qu’ils se sont perdus en chemin.
M.H. – Comment cela est-il possible ? Tu m’as pourtant bien dit leur avoir confié une carte de la culture.
W.R. – Cela est vrai, mais cette carte leur a été volée et, aux dernières nouvelles, après avoir rodé vers Derrida, où ils se sont déconstruits, ils seraient vers Debord où on imagine aisément qu’ils seront rapidement anéantis.
M.H.. – Quelle horreur, comme disait Cocteau. Je vois, on peut les considérer comme définitivement perdus. Ils vont mourir avec le situationniste alors qu’ils auraient pu vivre avec le lettrisme.
M.H. – J’ai eu moi-même, à plusieurs reprises, l’occasion de constater que, très souvent, les gens ne savent pas dans quelles directions chercher.
W.R. – Oui, c’est bien cela ! On dirait que la route leur manque.
M.H. – Ces gens foncent en avant, tête baissée, pour, à la fin, se fracasser contre le mur du savoir qui a été construit par ceux qui ne veulent rien savoir, sauf que ça se sache.
W.R. – Ce savoir qui ferait mur à force de l’accumulation des connaissances ne tient debout qu’à cause de la croyance dans sa réalité. Dans les faits, c’est en tant que ce mur est constitué, à la fois, de savoir et d’ignorance qu’il semble infranchissable ! 
M.H. – En fait, à bien y réfléchir, le véritable mur, si mur il y a, c’est le mur du non-su. 
M.H. – Ou du mal-su. C‘est sur ce savoir-là que les gens butent, car le savoir multiplicateur, lui, ne cessera jamais d’être en expansion constante.
W.R. – (en riant) Ce qu’il faudrait, c’est la kladologie.
M.H. – (en riant) Oui, oui, la kladologie et la carte de la culture !
W.R. – (en riant) Ah ! Ah !. Parce que, comme tu le sais, si c’est bien d’après la route que l’on fait la carte, c’est d’après la carte que l’on construit son itinéraire !
M.H. - La carte fait la route juste!
M.H. – Je ne peux nier que nous rions, mais que l’on ne croit pas que nous nous moquons.
W.R.- Je ris en pensant que personne ne va rien comprendre à ce que nous disons.
M.H. – Nous, nous n’avons pas le temps d’expliquer, nous sommes là juste pour faire des vagues. S’ils veulent comprendre, qu’ils aillent sur Cahiers de l'Externité où ils trouveront les explications et les analyses les plus avancées sur tous ces points et sur les autres. Quant à nous, laissons-les à leurs dialogues dépassés d’Hylas et de Philonous et retournons dans la justesse appropriée du Complétisme pour poursuive notre mission.
W.R. – J’ai retrouvé une autre photo de l’exposition dont je t’ai parlé la dernière fois. Je te la montre, personne ne comprendra mais ça fera discrépance avec notre histoire de route. 




























Roland Sabatier. "Oeuvres pour chiens" (vue partielle de l'exposition à la galerie Artcade en 1991)